jeudi 5 février 2015

Une histoire de cheveux


Ma chère Aurélie,

Comme tu n’as pas encore eu l’occasion de le voir, je te décris la chose : depuis quelques temps, j’ai les cheveux d’un rouge flamboyant et longs comme jamais, une authentique Veronica Lake des 7 Enfers.
Tu me diras que je t’ai habituée à maints drames capillaires, que je suis intarrissable d’ordinaire sur les bienfaits / méfaits des shampooings, et que cette transcendante nouveauté n’est qu’un chapitre de plus sur cette longue relation sado-masochiste que ma paillasse et moi entretenons depuis des années.

Ouaaaais, mais.
Ce coup-ci, j’avais été vraiment très loin dans les dégâts chimiques.
Mon cuir chevelu me démangeait en permanence, et mes cheveux finissaient par ressembler à des Barilla pas cuites. Pour régler le problème, pauvre innocente, je surajoutais de la chimie, de plus en plus chère, et j’appréhendais trois semaines à l’avance la prochaine couleur (car oui, bénie par la génétique, j’ai le cheveu blanc précoce de ma mamie préférée, ce qui ne me laisse pas des tonnes de possibilités à moins de vouloir ressembler dès maintenant à la Mère Noël).
C’était l’apocalypse du tif, et ça faisait mal.

Comme je ne voyais pas trop quoi faire et que la situation ne s’améliorait pas, j’ai fini par aller demander conseil à mon pharmacien (ce qui a donné lieu à une improbable scène où ce vétéran de la pharmacie a soulevé mes tifs devant une file bondée en émettant des mmmh mmmh pensifs). Abrégeons parce que je te la fais longuette, selon lui “les shampoings du commerce, c’est de la saleté, ne vous étonnez même pas. Achetez plutôt du shampoing bio, et arrêtez de trafiquer vos cheveux, ils sont déjà ruinés.”

Venons-en au corps de cet article infiniment long et proportionnellement futile : j’ai fait ce qui m’a été dit, j’utilise un shampoing dont la base lavante est au sucre et qui ne mousse pas.
Mais le drame, le corps du délit, la couleur : je ne pouvais pas rester avec les cheveux tels quels. Et visiblement, les colorations naturelles, c’est pas encore au point pour camoufler les cheveux blancs. J’ai cherché sur Internet, et j’ai trouvé l’idée du henné.

Donc, le henné, le vrai le nature, c’est une plante, lawsonia inermis, qui, séchée et réduite en poudre, a de très fortes propriétés colorantes. Si fortes, qu’au naturel elle couvre les cheveux blancs, donc exactement ce qu’il me faut. D’autres plantes colorantes existent, avec d’autres résultats en matière de couleur, mais j’ai décidé de réaliser mon fantasme de petite fille, et d’assumer le rouge explosif.

La recette, appliquée une fois par mois sur cheveux propres (et préalablement enduits de jus de citron, qui renforce les reflets rouges) :
200 g de Henné du Rajasthan Aromazone
1 cuillère à soupe d’huile d’olive
8 gouttes d’huile essentielle d’Ylang-Ylang (solution contre les cheveux secs)
un peu d’eau très chaude.

Mélanger dans une jatte avec un ustensile de cuisine en bois ou en plastique (pas de métal), appliquer au pinceau sur les cheveux. Emballer artistiquement avec du film étirable (oui, tu as bien lu et non, je n'envoie pas de photos), recouvrir d’une serviette. Se planifier une activité passionante et domestique pour les quatres heures suivantes. Puis rincer, laver, hydrater, sécher, et admirer.
Peu à peu, le dépôt de henné sur la fibre capillaire va renforcer le cheveu (car contrairement aux colorations chimiques le henné ne l'ouvre pas pour insérer de la couleur : il se dépose dessus et la renforce). Donc, plus on avance dans les colorations au henné, plus nos cheveux vont bien, et plus nos cheveux sont rouges.

Et, c’est ainsi que ma tignasse fut sauvée :-)

Edit du 06/02 : Il y a une chanson choupinette qui irait bien avec cette loghorrée capillaire, et c'est celle-là :

(The hair song, de Black Mountain, sur l'album Wilderness Heart.)

1 commentaire:

  1. Je suis contente que cet article finisse sur un happy end ! Et je veux des photos ! :)

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