lundi 11 mai 2015

Les élections britanniques pour les nulles

Chère Laurence,

Tu as sûrement vu les nouvelles. L'heure est grave. En voyant les sondages de sortie des urnes à 22 heures jeudi dernier, j'ai vaguement envisagé de me relocaliser à Édinbourg. Mais bon, ce serait un peu triste de quitter le navire si vite après y avoir embarqué. Ceci dit, si l'Écosse fait sécession, je reconsidèrerais ma position...

Bref, aujourd'hui, on va parler politique. Ça m'a pris un sacré moment avant de comprendre - en gros - comment fonctionne la scène politique britannique. Alors je voudrais te faire part de ce que j'ai pu démêler.

Les élections générales

Jeudi, donc, c'étaient les élections générales (#GE2015!!!). Ici, c'est un peu du deux en un : les parlementaires et les présidentielles du même coup. Les grands-bretons ont voté par petites zones géographiques (les "constituencies" - il y en a 650) pour élire leurs députés (les "MPs" pour "members of parliament", qui siègent dans la "House of Commons") un peu comme pour l'Assemblée Nationale chez nous.
C'est le leader du parti qui obtient la majorité (qui doit lui aussi avoir été élu dans son propre fief) qui devient premier ministre et constitue le gouvernement.

Le paysage politique

Avant d'aller plus loin, laisse moi te décrire le paysage politique britannique.

L'équivalent de l'UMP (en caricaturant), ce sont les conservateurs (ou Tories), menés par David Cameron.
Le Labour, c'est un peu l'équivalent du PS, en un peu moins à gauche. Il est mené par Ed Milliband.
Au centre, tu as un parti beaucoup plus petit, les LibDems (pour Liberal Democrats), menés par Nick Clegg.
À l'extrême droite, c'est l'UKIP avec Nigel Farrage, qui se concentre exclusivement sur la question de l'immigration et de la sortie de l'Europe. Leur image est un peu moins mauvaise que celle du FN. Et, de ce côté là de l'échiquier, tu as aussi le BNP (British National Party), mais il est encore plus petit.
Les verts (the Greens - comme tu l'auras deviné) ont pour leader une immigrée australienne, Natalie Bennett.

Enfin, comme le Royaume-Uni est une union, tu as des partis locaux. Sauf pour l'Angleterre, car comme tous les autres leaders sont anglais, il y a peu de doute quant au fait qu'ils défendront les intérêts spécifiques au pays.
Le plus important de ces partis "locaux", c'est le SNP (Scotland National Party), avec Nicola Sturgeon (nota bene : ici, Nicola est un prénom féminin).
Au Pays de Galles, tu as Plaid Cymru avec Leanne Wood.
Ces deux partis sont globalement plutôt à gauche.
Et il y a aussi un parti Nord Irlandais, plutôt à droite cette fois, mais on en a peu entendu parler pendant la campagne électorale.

À tout cela s'ajoute une foule de petits partis comme le "Cannabis is safer than alcohol party" (oui, oui, c'est vraiment leur nom).

Du coup, si tu as tout suivi, tous les leaders que j'ai nommés ont fait campagne comme pour nos présidentielles avec des débats télévisés et tout et tout. Sauf que les élections générales sont des élections parlementaires et que l'on vote pour les députés qui se présentent dans notre constituency.

Par exemple, même si j'aime beaucoup leur parti, je n'aurais pas pu voter pour le SNP car ils n'avaient des candidats qu'en Écosse (ce qui est un peu logique en même temps). (Et passons sur le fait que je n'ai pas voté du tout car il faut avoir la nationalité britannique pour pouvoir voter aux élections générales. Du coup... on verra pour la prochaine !)

Les élections de 2010

Maintenant, remontons à la précédente élection. 
En 2010, les Tories n'ont pas obtenu la majorité absolue (au moins 326 sièges) au parlement. Ils ont donc dû s'allier aux LibDems pour constituer un gouvernement de coalition. C'est comme ça qu'on a obtenu David Cameron en premier ministre et Nick Clegg en vice-premier ministre. Je te laisse jeter un oeil aux chiffres.
Conservateurs : 307 sièges
Labour : 258
LibDems : 57
SNP : 6
Plaid Cymru : 3
Greens : 1
UKIP : 0
 (Je ne te mets pas tous les autres petits partis pour limiter la confusion... Mais tu peux voir tous les détails là.)

Et voici la carte issue de cette élection là (merci Wikipedia).
En bleu les Tories, en Rouge le Labour, en jaune un peu foncé le SNP, en jaune un peu plus clair les LibDems (oui oui, c'est bien pratique), et le mini point vert à Brighton, ce sont les Greens.
Comme on peut s'y attendre, ce mandat s'est soldé de fortes coupes budgétaires sur toutes les questions sociales (en particulier concernant le système de santé - le NHS). Et tu auras sûrement noté dans notre presse pro tous les appels à l'aide de bibliothèques publiques menacées de fermeture, voire définitivement fermées.
Mais cette coalition a aussi bénéficié d'une reprise économique qui a permis une réduction de la dette du pays.

L'an dernier, deux évènements politiques ont fait bouger les lignes.

Premièrement, les élections européennes ont vu une victoire terrible de l'UKIP (qui veut sortir de l'Europe...).
Deuxièmement, un référendum s'est tenu en Écosse sur la question de l'indépendance. Le vote était plutôt serré, mais l'indépendance à été rejetée.

Les élections de 2015

Bref, tout ceci était peut-être un long préambule, mais j'espère que ça va t'aider à mettre en perspective ce qui s'est passé jeudi dernier.

Les britanniques sont donc allés aux urnes. Et à 22 heures, à la fermeture des bureaux de votes, nous avons eu droit à de premières estimations (qui n'étaient pas tout à fait juste, mais c'est un autre débat). Ce n'est que vendredi dans l'après-midi que les derniers résultats officiels de la dernière constituency sont tombés (et oui, ça prend du temps de compter les bulletins...). 
Je t'épargne la narration de cette longue nuit électorale. Ce sont ces résultats officiels que je vais te présenter maintenant.
Tories : 331 sièges
Labour : 232
SNP : 56
LibDems : 8
Plaid Cymru : 3
Greens : 1
UKIP : 1
Encore une fois je ne mentionne pas les autres partis, alors si tu veux tous les détails, tu peux aller voir ici.

Cette fois-ci, les Tories ont la majorité absolue, ils vont donc pouvoir gouverner cinq années de plus, mais sans besoin de coalition cette fois.
En gros : ça va barder pour le NHS et les autres prestations sociales. On aura aussi droit à un référendum pour savoir si le Royaume-Uni veut rester dans l'Union Européenne, et les conditions de cette participation seront de toutes façons très certainement remises en cause.
C'est tout à fait exceptionnel de voir le parti sortant, avec la même tête de file, se trouver renforcé après cinq ans de pouvoir. Et franchement, personne ne s'y attendait. On pensait tous que les résultats seraient beaucoup plus serrés et qu'il y aurait un autre gouvernement de coalition - d'un bord ou de l'autre.

Mais le véritable coup de tonnerre vient d'ailleurs.

Le design est différent, mais la légende est la même que pour la carte ci-dessus.
Encore une fois, merci Wikipedia.
C'est l'Écosse qui a viré jaune. Et cette fois-ci, ce ne sont pas des LibDems.
Après les élections précédentes, les sièges écossais se répartissaient entre le Labour, les LibDems, et le SNP. Cette fois-ci, le SNP a récolté 56 des 59 sièges disponibles dans le pays. Du jamais vu.
Nicola Sturgeon a répété à mainte reprise qu'elle ne faisait pas campagne pour un nouveau référendum d'indépendance. D'ailleurs, rappelle toi, moins de 50% des écossais étaient pour.
Mais cette victoire démontre très certainement que les écossais (qui ont déjà énormément de pouvoir sur leur propre pays, comparé au Pays de Galles et à l'Irlande du Nord) veulent encore plus de pouvoir et d'indépendance.

Les écossais ont donc contribué au grignotage des parts du Labour. Mais même en mettant bout à bout les sièges obtenus par ces deux partis, ils n'auraient pas eu la majorité. Le Labour a perdu de nombreuses constituencies qui sont passées directement dans les mains des Tories. C'est une défaite électorale magistrale. En conséquence, Ed Milliband a démissionné de sa position de chef de parti.

Mais pas aussi magistrale que la défaite du LibDem. Ils sont passés de 57 à 8 sièges. Belle claque. Nick Clegg sort donc du gouvernement et démissionne lui aussi de la tête de son parti.

Enfin, les verts se maintiennent gentiment à Brighton.

Et l'UKIP a gagné un siège. Mais Farrage n'a pas réussi à entrer au parlement. Du coup, pouf, démission. (Enfin, juste pour l'été, avant les élections internes au parti. Faut pas pousser quand même.)

Bref...

L'avenir semble bien sombre pour qui se préoccupe de la protection des plus vulnérables et de l'équité sociale.
Tu peux t'attendre à me voir te relater mes prochaines manifs pour la défense du NHS, la fin de l'austérité, et pour dénoncer les conditions inhumaines dans lesquelles sont détenus les immigrés "illégaux", parqués dans des centres de détentions gérés par des entreprises privées, un peu partout au Royaume-Uni.
La routine habituelle quoi.

Et puis, qui sait, j'irais peut-être visiter l'Écosse, juste histoire de voir si l'herbe y est un peu plus verte... (Ou jaune. Ou rouge.)


jeudi 30 avril 2015

La pochette de sac à main, c'est le bien

Salut ma chère Aurélie,

Tu connais cette situation.
Dans un bar, ton interlocuteur te parle d'un super livre et tu sais déjà que tu vas l'oublier alors vite, vite, tu sors ton carnet... mais tu n'as pas de stylo : Grmml grmml grrr ; Là dans ta cabine avant le cours du sport, tu viens de te changer et tu n'as plus qu'à mettre tes affaires dans un casier...mais tu as oublié le cadenas : Grmml gmml grrr; Ta soirée d'hier fait que tu ne t'es pas préparé à manger, et là au supermarché il y a cette salade fraîche et prête...mais qui pense à emmener une fourchette avec soi : Grmml grmml grr !

Oui, toi aussi, tu sais.
Du coup, de sac en sac, d'activité en activité, tu parfais la liste des choses à avoir sur soi, si bien que ton sac à main est un apocalypse de trucs mouvants à chaque heurts du métro, et que tu n'y retrouve plus rien.
Là, il te faut une pochette.

La pochette, c'est un truc qu'on a commencé à remarquer en magasin il y a une dizaine d'années, et qui existe en plein de dimensions et autant d'llustrations. Il y a à peu près un an, j'ai compris qu'il m'en fallait une, moi aussi, et j'ai essayé de choisir parmi les différentes possibilités, en fonction de mon quotidien (car j'entends bien que tout accessoire entré dans la pochette n'en sorte pas : la pochette, c'est mon couteau-suisse à moi).

J'ai donc vidé le contenu de mon sac sur le canapé, et après tri, j'ai obtenu ça :

carte de transports / rouge(s) à lèvres / boîte contenant un cube de savon et un cube de déo Aromaco de chez Lush / mini-crème hydratante / cadenas / élastique avec une barrette attachée / brosse à dents et dentifrice / couverts en plastique / carte de la salle de sports / clés de maison / brosse à cheveux / trucs de fille / mini-mascara / 1 Stabilo vert, 2 stylos à billes et 1 Criterium.

Ensuite, j'ai fouillé dans mes placards pour en sortir les contenants correspondants, et considéré diverses possibilités :

- La mini-trousse à maquillage : on y glisse un hydratant pour les lèvres, une carte de transports, un téléphone, et elle est pleine. Bien pour les minimalistes. Moi, ça m'oblige à avoir une trousse à côté pour les crayons. Donc, non.

- La trousse à crayons : j'ai essayé. Mais c'est trop oblong, et mon déo ne rentre plus.

- L'organiseur de sac à mains : ça existe, j'en ai regardé sur Internet, mais je n'en ai pas, et je n'en achèterai pas. Déjà ça ressemble au croisement entre un sac de transports pour rollers et une boîte à oeufs, en plus cela nécessite un zèle maniaque pour tout remettre parfaitement à sa place (et le zèle maniaque et moi...)

- La pochette de taille moyenne (15 cm par 23), que j'utilise pour les vacances : elle est toute bête et n'a rien d'autre de funky hormis son illustration décalée. Mais tout y tient, la toile est épaisse et sombre (parce que la légende urbaine est vraie, c'est quand même pas très hygiénique, un fonds de sac à main).

La pochette : état de l'art 2015
Donc, c'est celle-ci que j'ai choisi, et avec le recul, je dois t'avouer que je ne pense pas changer de si tôt. Je suis certaine d'avoir toujours les accessoires utiles sur moi, j'ai beaucoup réduit mes étourderies, et quand j'ai dû partir en week-end, la dernière fois, je n'ai pas ajouté grand-chose à cette liste avant de partir.
Mon sac à mains est plus organisé, et je commence même à avoir la réputation de celle qui a tout prévu, ce qui est très inattendu.

Mais comme je sais qu'on peut toujours faire mieux, dis-moi, tu l'organise comment, ton sac à main ?

lundi 20 avril 2015

L'impossible rêve du jean parfait

Chère Laurence,

Merci pour ton article sur la mode et les fleurs. Je suis toujours enchantée par ton lyrisme, même si je ne suis pas forcément d'accord. Tu nous annonces la mort des fleurs, au prétexte que nous nous sommes éloignés de la nature. Mais je t'opposerais deux arguments : 1/ le retour des citadins vers la campagne ; 2/ le business des fleuristes. Je ne poursuivrais pas, ce n'est pas ma spécialité, mais les gardenias dans ma chambre te prient de bien vouloir me croire : la fleur n'est pas encore tout à fait morte, même au sein des villes tentaculaires !

Sur ce, passons au sujet du jour. Je voudrais, moi aussi, te parler de mode. Mais cet article-ci sera bien moins lyrique et beaucoup plus pragmatique. Vois-tu, ça fait des mois que je suis en quête du jean parfait.
Je dis "Parfait", mais ne crois pas que je soit ultra chicaneuse et que ma quête soit vouée à l'échec dû à des demandes si complexes qu'elles ne seraient possibles à satisfaire, même par la plus dévouée des couturières. Rien de tout ça. D'ailleurs, tu peux juger par toi-même. Voici mes critères.
Je veux un jean qui soit :
  • À ma taille ;
  • De bonne qualité.
Je n'ai pas vraiment de critère de prix : pour une fois, je suis prête débourser ce qu'il faudra pour posséder au moins un item de qualité (dans la limite du raisonnable tout de même).

Or il semblerait que ces demandes - a priori simples - soit mutuellement exclusives. Il y a quelques semaines, j'ai entrepris de me faire tout Oxford Street. Je suis entrée dans chaque boutique et voici mon constat : les marques à peu près correctes, qui proposent des jeans de qualité, ne font pas les "grandes tailles". Ou si elles en ont quelques unes, c'est toujours dans les plus grandes longueurs de jambe (ce qui ne m'arrange pas vraiment : si je mets le prix pour avoir quelque chose de bien, ce n'est pas pour avoir à m'emmerder à faire un ourlet !).
Et les marques qui proposent ma taille ont des jeans dont la qualité se rapproche de celle du papier à cigarette, qui décèdent de leur belle mort dans les deux mois (et ça je peux en témoigner : c'est le genre de jeans que j'achetais jusque-là).

J'ai retenu mon souffle en découvrant que River Island proposait des jeans en taille 18 (l'équivalent d'un 46 à peu près partout). J'ai déchanté une fois dans la cabine d'essayage en découvrant sur l'étiquette une mention "FR 44" et en m'apercevant qu'il taillait effectivement dans les environs du 44, voire un peu plus petit. Dommage pour moi.

Tout ceci n'est que mensonges !


Lors de mon voyage aux États-Unis, je suis bien entendu allée faire un peu de shopping. Et là, miracle, luxe et volupté, j'ai découvert Old Navy. J'ai pu y essayer des jeans sympas mais trop grands pour moi (ce qui m'a beaucoup fait rire : ça faisait des années que ça ne m'était pas arrivé) et trouver "la" paire de jeans qui répond parfaitement à mes critères : à ma taille, et de (pas trop mauvaise) qualité. Je dis "la" car les autres, même en longueur de jambe "short" étaient trop longues.

Mais mon problème ne s'arrête pas là. Une paire de jeans, c'est bien joli, mais ça ne dure qu'un temps et ça ne te fais pas une garde-robe. Old Navy n'a pas de magasins en Europe. Si je voulais, je pourrais passer outre les frais d'envoi exhorbitants et en commander outre-atlantique. Mais si il faut renvoyer des items, ce sera pour ma pomme.

Alors pour la suite (les autres styles et couleurs de jeans que j'aimerais bien ajouter à ma capsule), la question reste entière et irrésolue : suis-je condamnée à mettre des jeans de merde ? Pourquoi le marché de la mode ne veut-il pas de mon argent ? À quand des marques inclusives qui proposent dans toutes les tailles des vêtements de qualité ?

Si tu as le moindre début de réponse à ces questions, chère Laurence, chers lecteurs, je t'en prie, fais m'en part !

- Aurélie

jeudi 16 avril 2015

En 2015, peut-on encore porter des fleurs sur ses vêtements ?

Hello chère New-Yorkaise,

J'espère -et je me doute un peu, maintenant, que tout aura été à ton goût dans cette ville rêvée (et peut-être aussi que tu ne vas pas m'annoncer d'ici six mois que tu y pars, car te visiter deviendra bien plus difficile). En attendant, j'ai fait un peu de shopping ces derniers jours, car avec le printemps vient un changement de garde-robe nécessaire, et voilà mes cogitations de cabine d'essayage ici rassemblées :

Tout d'abord, je ne sais pas si tu le constate aussi à Londres, mais les magasins sont plein d'une certaine sobriété design citadine. Le tweed noir et blanc, très graphique, est partout, notamment sur de grands manteaux surdimensionnés, destinés à être portés avec un sac à main de cuir noir et une tenue sobre (si possible en jean, car les accords noir-jean sont le must de la saison, ainsi que les couleurs gris-bleu marine-blanc-noir). Malheureusement, cette sobriété chic peut être un peu loupée quand elle est appliquée sans finesse : on oublie donc les chemises noires et bleues marine à motifs, je n'en ai pas trouvé une qui vaille, le motif cette saison c'est la fin, rien d'original, rien d'intelligent, ou en tout cas pas dans les boutiques qui sont dans mes moyens.
Et puis il faut se rappeler que le printemps, en tant que demi-saison, c'est l'antichambre de l'été : on envisage stylistiquement une simplification des motifs, un retour à la fraîcheur, qui doit préparer le grand épurement des mois ensoleillés, et ça c'est vrai de tout temps, mode ou pas mode. Les grandes ardeurs de motifs excentriques, c'est pour le milieu de l'automne et l'hiver, quand notre œil fatigué n'a pas grand'chose à se mettre sous la dent, niveau lumière et nature.
Cette fois-ci, il est donc question d'une simplification visuelle bienvenue, loin des excès des saisons précédentes.

Ensuite, j'en arrive au titre de cet article, parce que j'ai constaté dans de multiples boutiques qu'on nous refaisait le coup des fleurs. Ne t'attends pas à un plan thése/antithèse/synthèse, parce que là-dessus je suis à peu près aussi décidée que le Pape si on lui proposait de relooker la Papamobile en léopard, ou Christina Cordula si je devais lui expliquer les vertus de la marque Iron Fist.
Donc, je rappelle à toute fins utile qu'en matière de motifs, c'est un fait, l'homme s'est toujours inspiré de ce qu'il avait sous les yeux. Mate un vase japonais du peuple Aïnu, des pages enluminées de manuscrit médiéval ou les fleurs du mouvement Arts & crafts, et tu verras que c'est globalement vrai, ce que je te raconte et ça marche aussi pour le vêtement, qui reflète toujours la société dans laquelle vivent ceux qui le portent.

Artichoke wallpaper, by William Morris (Wikimedia).

Le motif fleuri, c'est toute une histoire, et même si on se réfère aux temps les plus proches de nous, et qu'on se contente de la fleur 18e qui ornait les salons de Marie-Antoinette ou des motifs 19e de l'Arts and crafts de William Morris, des 50-70's et de ces dames en robe attendant leur maris, ou des belles hippies du flower power, une société toute différente, à la temporalité plus lente, et dont on resuce les codes indéfiniment depuis une bonne vingtaine d'années.
Alors en 2015, porter des fleurs, est-ce que ça a encore du sens, quand pour nous autres pauvres citadins pressés, la nature c'est un ramassis de tulipes boostées aux pesticides par les agents municipaux, et trois arbres faméliques à demi asphyxiés par les exhalaisons des pots d’échappements ?
Dans notre société du béton, où tout est design et où la mauvaise herbe n'a plus sa place, on l'a voulu de tout notre cœur, ce blanc-noir-fluo qui n'a plus rien de naturel, et cette vie trépidante qui nous oblige à organiser nos fringues "to make an impression" de manière efficace et variée. Au moins pourrions-nous avoir l'honnêteté de le reconnaître dans notre allure de tous les jours : les fleurs se réfèrent à un temps si différent du nôtre que c'est un mensonge sémantique que d'en arborer comme on en portait au XXe siècle.

Il y a pourtant des manières de porter ce motif compliqué : tu te rappelles 2013, les fleurs sur fonds noir ? ça m'allait parce que j'y percevais le même cynisme qui parcourt notre société désabusée, cet à quoi bon post-moderne qui s'applique à tout : on portait le deuil des fleurs, elles étaient aussi littérales qu'un aphorisme moqueur d'Oscar Wilde. Après, comme si cette parenthèse réaliste s'éteignait, nous avons subi cet éphémère folie des feuilles tropicales, en plein milieu du n'importe quoi, qu'il ne fallait suivre sous aucun prétexte puisque neufs les vêtements portaient déjà les promesses de leur très rapide désuétude (parle-moi du junk-space à la Rem Khoolaas, car chaque domaine de notre quotidien témoigne de la justesse de ses vues : du junk-clothing à date de péremption rapide, voilà ce que c'était). Et là, paf, 2015, les fleurs reviennent, datées, déjà vues, partout. Il faut arrêter de se mentir : l'humain du 21e siècle est tout aussi design et  artificiel que l’environnement qui l'entoure. Dans la rue, il est une bulle de sens aussi complexe qu'une page de publicité, il se représente aux autres, se vend, tout en n'ayant pas de temps à perdre. Si la couleur brute, et les motifs géométriques, ou liés à un sens proche de lui (le petit monde graphique pop, gothique ou contestataire des 50 dernières années possède des ingrédients bien plus utilisables dans notre réalité actuelle) ont encore une raison d'être, les fleurs portées au premier degré, qui appartiennent à un temps où l'on en avait (du temps...), où la nature était un ingrédient commun à tous et le soin apporté aux détails fondamental, les fleurs, c'est un langage esthétique à laisser à des maîtres de la haute couture pour les supra-riches rétrogrades qui ont encore cette vie-là, mais pour nous, qui dans les rues sommes présent et avenir, c'est bel et bien fini.



mardi 14 avril 2015

Liens : le retour du sténopé

Chère Aurélie,

Alors que tu te remets tout doucement de tes grandes aventures américaines, voilà un mini-article sur ce sujet que j'ai bien l'intention d'approfondir, mais qui n'est pour l'instant qu'une ridicule boîte à chaussures dans un coin de mon crâne: je veux m'interroger sur la production contemporaine d'images, et donc produire des images, et même si je fantasme des trucs autours de l'impression comme la linogravure et la sérigraphie, c'est la photo qui me fait froustiller* ce tantôt.
Mais pas n'importe laquelle.

Parce que la "grande" photographie me fait un peur, avec sa technique toute pointue et ses beaux experts. Non, je veux du fun, et commencer par comprendre pour de vrai comment ça marche, la reproduction du réél sur papier.

Alors en ce moment, je bavouille à l'idée de bidouiller un sténopé.
Qu'est-ce que c'est ?
L'ancêtre de l'objectif, le degré 0 de la bricole photographique, un truc qui nous vient des camera obscura italiennes de la Renaissance (à ce sujet, il y avait une nouvelle terrifiante portant ce nom dans un recueil Alfred Hitchcok présente quand j'étais ado).
On s'en sert pour des photos très étranges, et curieusement datées...

Dans mon recueil de liens pour cette ténébreuse activité, on trouvera ceci :

un mode d'emploi
un groupe de fans du sténopé
un truc tout prêt avec des cours si vraiment j'y arrive pas

Voilà mon projet du printemps, j'ai hâte de trouver du temps pour le tester !



* frémir + croustiller, c'est le verbe descripteur ultime quand on aime un truc, non ?

lundi 6 avril 2015

In love with Hedwig

Chère Laurence,

J'avais prévu de te raconter comment, après une petite semaine à peine, je suis imbattable pour m'orienter dans Manhattan, comment, après un moment de confusion, je suis devenue une adepte des rues numérotées par ordre croissant, comment j'indique leur chemin aux autres touristes, et comment New York a déjà un petit goût de "chez moi".
Je voulais aussi te décrire ce sentiment étrange en découvrant une ville qu'on a l'impression de connaître déjà. Parce qu'elle fait l'objet de tant de descriptions et de fantasmes. Mais aussi parce qu'elle est si proche de nos capitales européennes. Du coup, tout semble normal, mais juste un peu décalé. Les passants pressés pourraient être des parisiens stressés. Les rues sont juste un peu plus pleines de voitures, un peu plus riches en taxis jaunes et en hummers si hauts que je n'arrive pas à voir le visage des conducteurs. Le réseau de métro est aussi grand que celui de Londres, et aussi sale que celui de Paris - mais les différentes directions sont juste un peu moins bien indiquées.

Bref, chère Laurence, je ne parlerais pas de tout ça, car tout à changé samedi soir. Laurence, I am in love. C'est du sérieux. I'm completely smitten. Je ne pense plus qu'à elle et je chantonne son nom dans mon sommeil...
Samedi, on est allés voir Hedwig and the Angry Inch. C'était une débauche de flashs et de guitares saturées, de fourrures, perruques et paillettes. Hedwig était interprétée (pour l'une de ses toutes dernières représentations apparemment), par John Cameron Mitchell qui était fa-bu-leux. Accompagné par la toute aussi fabuleuses Lena Hall. J'ai été émue et captivée, et j'ai eu l'impression de me transformer en fan dès les premières notes de la première chanson.
Je te laisse donc en musique, car Hedwig saura mieux te dire tout ça que moi. (Et avec Neil Patrick Harris, just because.)


- Aurélie

jeudi 2 avril 2015

Lien : Londres, une ville pleine de mystères

Hello chère Aurélie,
Hello où que tu sois, en train d'essayer de te faire embaucher à la New York Library ou de déguster un sandwich au pastrami. J'espère que ton séjour se passe bien, que les New yorkais seront aussi merveilleux que dans la série Broke Girl et que tu reviendras en grande forme.

Paris est éclairé par un beau soleil printanier (ce qui nous change de ce proverbial nuage de pollution de la semaine dernière), et cela réveille chez moi de folles envies de psychogéographie.

Or, il se trouve que cette belle discipline a été inventée par des Londoniens, et il y a une raison : partout où l'on pose le regard, si l'on ne contente pas des magasins et de l'activité bourdonnante, le passé affleure.




Le journaliste Peter Watts le sait pertinemment, et s’intéresse aux traditions de sa ville sous toutes leurs formes. En lisant son blog, tu apprendras à regarder sous les grilles d'aérations pour y voir d'anciennes rues enterrées, tu découvriras les boutiques les plus authentiques (et les plus étonnantes)plus jamais tu ne regarderas ton A to Z (complément vital du sac à main Londonien) comme avant...

Comment ça tu es déjà occupée à New York ?
Allez, Hop !

PS : Je te souhaite de très, très bonnes vacances, et de belles photos à nous montrer :-)

lundi 30 mars 2015

De l'art de faire sa valise

Chère Laurence,

À l'heure où tu lis ces mots, je suis probablement en train de mener la belle vie dans les rues de New York.
À l'heure où je les écris, par contre, je suis sur le point de mettre la touche finale à ma valise.

Pour moi, faire sa valise, ça fait intégralement partie des vacances. J'adore ça. Oui, je sais, je dois sûrement être la seule...
Mais le truc, c'est qu'on se projette déjà dans l'univers de nos vacances, et tout le plaisir est dans l'anticipation.

On n'oublie rien, de rien...

On va faire rentrer tout ça dans un bagage en soute et un bagage à main...
En préparation à mes valises, je fais parfois des listes, surtout pour les trucs que j'ai peur d'oublier parce qu'ils ne sont pas forcément posés en évidence (c'est à dire : le passeport, le chargeur du téléphone, mon carnet de voyage, mes chaussures de sport...) mais, en règle général, je gère désormais suffisamment bien pour m'en passer.
Histoire d'être efficace et de ne rien oublier, je fais tout simplement le tour de ma chambre (et de la salle de bain), et j'empile les choses à emmener sur mon lit. Rien de plus facile.
Je compte le nombre de types de vêtements à emmener (pour les culottes et les chaussettes, la formule n = nombre de jours passés sur place x 1,2 - arrondit à l'entier supérieur - ne m'a jamais fait défaut), et c'est parti.

L'empaquetage

Mission accomplie !
Le truc bien avec ma technique de tout mettre sur le lit d'abord, c'est qu'ensuite on peut empaqueter ra-tio-nel-le-ment. Quiconque a jamais joué à tetris peut faire rentrer ses affaires dans sa valise. Mais c'est plus pratique si on sait à l'avances quelles sont les briques qui vont tomber.
Du coup, on met les gros trucs encombrants au fond, on rempli les trous avec des petits vêtements et on fini par les items qui doivent être bien à plat (comme les jeans et les chemises) sur le dessus. Fastoche !

Le bagage à main

Le contenu de mon sac à main
Le secret du bagage à main, c'est de l'empaqueter comme si on partait en week-end. J'y mets a minima des vêtements pour deux jours et mon pyjama. Comme ça, si ton bagage en soute s'égare, tu n'as pas à passer ton temps à l'attendre dans tes habits de la veille... 

Pour mon sac à main, je garde le strict nécessaire (d'ailleurs, pour ce voyage-ci, je prends mon petit sac à main bleu pour être sûre de ne pas me laisser emporter à l'idée de prendre trois bouquins de plus...).
Dans l'image ci-dessus, tu peux voir que j'emporte :
  • De la lecture (bien entendu !)
  • Mon carnet et des stylos
  • Téléphone, écouteurs et chargeur
  • Passeport et portefeuille
  • Mon étui à lunette avec de quoi enlever mes lentilles au cas où
Gros fail par contre : j'ai oublié d'acheter un adaptateur pour les prises US... Il ne faut pas que j'oublie d'en prendre un à l'aéroport !

Pour les habits, j'essaie de mettre les plus confortables que je possède (mais qui soient portables en public), en particulier si c'est pour un vol de nuit. En plus, j'ai toujours une longue écharpe qui peut me servir de coussin ou de plaid au besoin.

Voilà, je t'ai tout raconté !
Je ne sais pas si j'aurais le temps de t'écrire plus avant pendant les deux prochaines semaines, mais j'essaierais de te donner des nouvelles très vites !

- Aurélie

jeudi 26 mars 2015

L'apologie du pilates

Hey charmante Aurélie,

alors que ce mois de mars s'étend sans fin sous la pluie, il est mon tour de te raconter comment je vais, ce qu'il se passe, tout ça.

Et j'ai choisi, maintenant, de te narrer ce cruel sévice que j'inflige le plus volontiers du monde à mes petits muscles, de manière bi-hebdomadaire, j'ai nommé le pilates.

Position Pilates admise pour regarder la télé.

Je suis loin d'être aussi sportive que toi, et j'admire de tout mon coeur tes audaces comme l'aviron et la plongée (je sais que je n'ai pas la résistance pour), mon histoire personnelle inclut une phobie des sports collectifs, et globalement une image de mon corps passablement mauvaise.
Le regard des autres, c'est compliqué.

Donc, lorsqu'il a fallu redonner forme à ma santé (et nous y sommes tous contraints un jour, car la vie moderne et son cortège de canapés et de fauteuils nous ruine peu à peu), j'ai essayé de trouver un sport qui ne me mettrait pas trop en danger psychologiquement.
Et j'ai choisi le pilates.

Qu'est-ce que c'est ?
Du renforcement musculaire "intelligent", à la croisée du yoga et de la barre au sol, dont l'objectif premier et de ranimer les muscles profonds du centre du corps, et les muscles posturaux. On dit traditionnellement que le pilates a une influence positive sur les maux de dos et le maintien.
Les bases de ce sport incluent des exercices musculaires lents, avec une attention particlière portée à la respiration et aux transitions de mouvements en mouvements. L'objectif est d'atteindre une bonne maîtrise de son corps.

Est-ce que c'est bien ?
Les premiers courts sont... déroutants.
Parce qu'entraîner des muscles qui ne l'ont jamais été est très dur au début, et que les exercices sont douloureux. En plus, on commence avec un groupe d'habitués, qu'on voit tenir des postures que notre corps n'accepte que pour 10 secondes. Heureusement, le prof insiste : en fonction de sa condition physique, chacun est différent, et réussit plus ou moins certaines positions. C'est sur la durée que les effets se font sentir et qu'on s'améliore.
Au niveau timidité, c'est supportable, parce que tout le monde souffre tellement à tenir ses positions qu'il n'est pas question de s'arrêter mater les fessiers du voisin, et ça aussi, ça me fait du bien.
J'avoue aussi que la playlist de chansons Rn'B ultra moelleuses est pour quelque chose dans mon engouement. J'aurais jamais cru connaître If I were a boy de Beyoncé par coeur, par exemple...

 Et pour quel résultat ?
On voit le résultat, c'est certain, en étant progressivement plus droit, plus gracieux, et en améliorant son équilibre de manière notable.Maintenant, je sens quand je me tiens mal, et j'arrive (de temps en temps) à corriger. L'autre côté marrant, c'est que je sais immédiatement, quand je vois la démarche des gens dans la rue, s'ils ont quelques muscles de soutien trop peu exercés, et que je suis parfois à même de dire lesquels.
En plus, la rigueur chorégraphiée du pilates me donne peu à peu des sensations de contrôle qui m'entraînent vers la danse.

Tu l'as vu, le pilates, c'est beaucoup d'efforts, mais c'est aussi plein de résultats : je continue donc avec constance mes exercices.

lundi 23 mars 2015

Le meilleur clip du monde

Chère Laurence,

Ce billet sera court.
La semaine dernière, j'ai re-regardé Promoción fantasma (Tu te rappelles ? Ce film espagnol fantastique avec une promo d'ados fantômes ?).
Et depuis, j'ai cette chanson en boucle dans la tête.
Et il s'avère qu'elle a le meilleur-pire clip de tous les temps.



Voilà, c'est cadeau.
Bon début de semaine !

- Aurélie


vendredi 20 mars 2015

Déco, Zombies et course à pieds

Chère Laurence,

J'espère que tu voudras bien excuser mon silence de ces derniers temps. J'ai été malade, fatiguée, et - comme tu l'auras adroitement deviné - je croule sous le travail, aussi bien à la bibliothèque qu'à la maison. Heureusement, dans dix jours je pars en vacances à New York ! Mais j'aurais l'occasion de t'en reparler...

Du coup, j'ai pas mal de truc à te raconter, et comme j'ai encore du mal à me concentrer, ça va être un post en vrac.

J'ai une piste, peut-être, pour déménager à l'automne. Une de mes collègues s'en va et elle habite un studio pas trop cher (enfin, aussi peu cher qu'on puisse trouver à Londres... mais quand même : une perle rare !) dont je suis déjà tombée amoureuse alors que je n'en connais que l'adresse (près de mon boulot !) et la façade (en briques presque brunes). Du coup, il occupe mes rêves et mes tableaux Pinterest se remplissent d'idées déco et de conseils pour l'aménagement de petits espaces. Apparemment, le style qui me plaît s'appelle shabby chic. Comme quoi, il y a un nom pour tout.

Mais bon, si jamais je déménage, ça ne sera pas avant octobre et j'ai encore de longs mois à passer dans ma coloc actuelle. Alors je respire un grand coup et j'essaie de n'étrangler personne quand je m'aperçois qu'on est encore à cours de papier toilette ou que quelqu'un a utilisé mon dentifrice (en appuyant au milieu : le monstre !).
Et j'ai décidé de mettre en application mes idées déco dans ma chambre. J'ai donc réorganisé mes bouquins par couleur (so 2013, je sais...), j'ai acheté un cadre pour un poster qui traînait sur mon piano depuis des lustres, un abat-jour en osier (ça faisait un an que l'ampoule du plafonnier pendait toute nue au bout de son fil...) et j'ai pris une plante (souhaite-lui bonne chance : je n'ai pas la main verte !).


J'ai aussi décidé de profiter au maximum des bons côtés de mon logement actuel. Par exemple, de savoir que je ne suis pas seule dans la maison quand je me réveille en sursaut à trois heures du matin. Ou du parc tout proche dans lequel je peux aller courir.
Car je me suis remise à la course à pieds.
Et ça, c'est grâce à l'auteure du lien dont je te parlais au début de ce post-ci. Elle a créé une application qui semble avoir été inventée pour moi : Zombies, Run! On lance l'application et on plonge dans une histoire immersive où, en tant que "runner five" pour la petite ville d'Abel où sont réunis quelques survivants de l'apocalypse, on doit accomplir des missions pour récupérer divers items utiles... en évitant les zombies ! Le programme alterne narration (très bien faite, avec des acteurs top) et musique piochée sur ton téléphone. C'est super motivant (on veut connaître la suite !) et c'est juste ce qui me fallait pour m'y remettre.
Prochain objectif : effectuer une mission en courant dans Central Park...

Sur ce, je te laisse, il faut que je retourne travailler.
Passe un bon week-end !

- Aurélie


mardi 17 mars 2015

Lien : Des peurs et des dessins

Chère Aurélie,

ce jour je suis brumeuse, avec plein de choses à faire qui s'entrechoquent, d'impossibilités de planning et d'organisation qui prend l'eau.

Mais il est possible de faire des sentiments les plus négatifs des prouesses artistiques, regarde, c'est ce que fait l'illustratrice Fran Krause avec le Tumblr Deep Dark Fears :




Sur ce Tumblr participatif, tu peux décrire les plus bizarres et les plus surréalistes de tes craintes secrètes; et Fran Krause, avec crayon et pinceaux, leur donnera une existence graphique.

Une belle manière de se rappeler que notre esprit est prodigue en fantasmes étranges, et d'accompagnerun instant une humeur nuageuse.

jeudi 12 mars 2015

Une histoire de voitures fantômes

Hello ma chère Aurélie,

Tu l'as peut-être remarqué, cette semaine, je suis un peu fatiguée, et je me sens sous l'eau à tous les niveaux. On est jeudi, il me reste deux jours à tenir avant de disparaître dans la mollesse bienfaisante de mon canapé et essayer de me retaper un brin.

Je suis donc en panne d'articles stratosphériques pour cette semaine, mais à la place j'ai eu envie de te raconter une histoire.

Il y a un mois tout pile, la presse française et internationale bruissait d'étranges échos.
Les journalistes spécialisés frétillaient d'émoi, les amateurs pâlissaient d'excitation anticipée, on préparait des interviews dans tous les médiums possibles : c'est qu'il est rare, très rare qu'un événement d'une telle ampleur se produise.
Mais de quel événement déjà glissé dans les failles de l'oubli journalistique s'agit-il ?

Il y a un mois tout pile, on vendait à Paris, aux enchères, la très fantomatique et légendaire collection Baillon. Cette soixantaine de voitures anciennes, couvrant 60 ans d'histoire automobile, a généré les fantasmes frénétiques de milliers d'amateurs autour du monde; par la rareté et l'état épouvantable des véhicules présentés, autant que par la folle rumeur qui les entourait.

Afin de mieux te faire comprendre la poésie bizarre de cet événement, il me faut revenir à la chronologie des faits, et justifier ainsi mes nombreuses heures tardives de lecture (ce fut une semaine d'insomnies). Et oui, ce sera romancé un petit peu, parce que j'aime mieux.

A l'automne 2014, selon les organisateurs de cette stupéfiante vente aux enchères, une famille contacte une très grosse maison de ventes, en leur parlant d'une Ferrari 250 California dormant dans les dépendances oubliées d'une propriété de province. Les récents héritiers souhaitent s'en défaire.
Devant l'extrême rareté de l'engin (on parle de 37 exemplaires réalisés), un spécialiste automobile est aussitôt dépêché sur place, et, dans la froidure d'un matin d'octobre, une porte de garage s'ouvre devant ses chaussures de villes souillées par la rosée (enfin c'est comme cela que je l'imagine).
A l'intérieur, deux véhicules dorment depuis des années dans la poussière : à droite une Maserati d'un noir tirant sur le gris, et à gauche, recouverte par un lourd fatras de journaux, de toiles et de vieux matelas, la California.
L'expert s'approche, car il a une idée derrière la tête.
Il sait bien qu'il y a cette légende de California fantôme, perdue après son passage entre les mains de Delon, dans les années 60. Et Si ?

Les cartons sont déblayés, et il se glisse à l'intérieur du véhicule, qui n'est pas fermé.
L'intérieur est suffocant de poussière, et sent les cuirs en déréliction, le fauteuil du conducteur s'affaisse mollement quand il s'y assoit. En face de lui, à travers le pare-brise, le jardin s'éveille doucement. Sous ses souliers, la paillasse où aucun pied ne s'est posé depuis 40 ans. Machinalement, comme chez lui, il passe la main dessous, et en retire un vieux jeu de clés, qui attendait là depuis tout ce temps.
Comme la carte grise au papier jauni qu'il trouvera ensuite, comme ces gants de conduite desséchés dans la portière avant.

Il est pensif, notre spécialiste. Il est peut-être même un peu amoureux du beau véhicule, et de ce moment volé au passé qu'il vient de vivre. A moins qu'il ne pense au profit qu'il va faire avec cette superbe mécanique qui ressemble tellement à...
Au repas donné par les héritiers, une fois retourné dans la maison de maître, il boit son vin et négocie le contrat, enchanté. La visite tient ses promesses, et il connaît bien des acheteurs possibles.
Et là, entre le fromage et le dessert (on dit toujours cela, n'est-ce-pas ? Mais cette fois, c'était bien juste après un mémorable chèvre local, je le décide ainsi), les deux quadragénaires récemment héritiers se regardent entre eux un instant, avant de lui confier : "Vous avez aimé ce que vous avez vu ce matin ? Parce que si c'est le cas, nous avons encore beaucoup, beaucoup de choses à vous montrer."

L'après-midi, donc, les voilà dans le dédale de cahutes de tôles qui parsèment le domaine, à slalomer entre les carcasses rouillées de véhicules décomposés, dont on devine qu'ils ont été -mais c'était il y a si longtemps - amoureusement choisis, et présentés.
La scène est hystérique, digne d'un film.
L'agent de la maison de ventes court de véhicule en véhicule : leur état est pitoyable, scandaleux, insupportable, mais il les reconnaît tous : ici cette ruine croûlant sous le lierre c'est un coupé des années 20, là cette bouillie réduite à des viscères orangés une exceptionnelle Talbo Lagot carrossée par Saoutchik, plus loin encore des Hispano-Suiza, des Delahaye, des Facel Vega...
Toutes pourrissant sans fin et dans le calme de ce cimetière oublié.

Que faire ?
Le spécialiste réfléchit. Ruinées, mais mythiques. Avec le prix fou, la véritable bulle, que vit en ce moment le marché de l'automobile ancienne, on peut tenter quelque chose malgré tout.
Et il y a cette Ferrari, autour de laquelle on peut faire monter les enchères.
Il faut une bonne communication, et la meilleure mise en scène possible.

Le barnum commence à la fin de l'automne 2014.
On rameute le journal américain spécialiste de vieilles voitures (car c'est au loin que sont les fortunes, et sur la Côte Ouest, on s'écharpe chaque année pour l'honneur du Prix d'Elégance automobile de Pebble Beach, où figurent des modèles similaires en prestige aux ruines Baillon), on fait la plus poétique des vidéos...



Pour mieux allécher les amateurs, les scènes de découverte de la collection sont reconstituées et filmées, des documents familiaux exhumés.
Le public, médusé, découvre peu à peu la légende de cette collection morte : fruit de la passion pour les voitures de l'entrepreneur Roger Baillon, propriétaire d'une société de transport, qui rêvait d'ouvrir un grand musée d'histoire automobile.
Malheureusement, son entreprise fait faillite en 1978, et les modèles rassemblés, intégrés aux actifs de l'entreprise, sont menacés de saisie. Deux ventes ont bel et bien lieu en 1978 et 1985, ne laissant plus sous les abris que 80 véhicules.
C'est à partir de là que les voitures se dégradent : sans destin vers un futur musée désormais impossible, menacées de saisie, elles restent abandonnées, et se font oublier.
Roger Baillon meurt en 1996, et son fils Jacques, en 2012, à peine sorti de la longue procédure de succession, tente de les préserver en les offrant à une association locale. Il décède malheureusement avant que le moindre papier soit signé.
Et c'est alors que ses héritiers cherchent une issue pour cet encombrant vestige, qui occupe une large virgule de terrain sur la propriété des Baillon.

Du côté de la maison de ventes, la communication marche admirablement.
Tout le petit monde de la collection est sur les dents : tout d'abord, il y a cette fascination moderne pour les ruines du monde occidental, cette poésie de la déroute, qui enjolive la réalité, et ensuite, l'admiration des collectionneurs pour la "sortie de grange", lorsqu'un véhicule oublié est mis au jour. A ce titre, le fonds Baillon est l'une des plus importantes de l'histoire de l'automobile; mais la plus pitoyable aussi.
Les fanatiques hésitent entre excitation et dégoût : jamais encore on ne leur a proposé des ventes dans un tel état, et ils regardent fascinés ces chefs d’œuvres irrattrapables, réduits à l'état de dentelle de rouille.

Mais cependant, à l'occasion de Rétromobile, l'exposition est grandiose.
Ils sont tous là, excités, fascinés comme le papillon par la flamme, le cœur lourd d'appréhension devant les beaux écorchés automobiles. S'ils ne peuvent s'en offrir une, ils sont là pour voir, pour sentir, pour témoigner de la mortalité des arts. 
C'est un crève-cœur de carcasses plus belles et plus fantomatiques les unes que les autres. Pour souligner cette beauté tragique, on a choisi de tendre les murs de voiles noirs, de réduire la lumière à quelques spots soulignant la courbe d'une carrosserie, la sophistication d'une silhouette, et essayant d'atténuer avec charme l'état désespéré des modèles, laissés dans la poussière qui les recouvre depuis 60 ans.
L'ambiance hésite entre recueillement et ressentiment devant ce trésor perdu.

Aussi, le lendemain, c'est une vente superbe qui s'annonce : ouverte par un brillant discours du responsable des ventes automobiles, les enchères sont relancées avec brio, "Voilà une possible gagnante à Pebble Beach", "Voilà la voiture d'Alain Delon"... Les chiffres volent, les téléphones en direct de l'étranger s'affolent, et la vente double son estimation initiale, au grand regret des fanatiques, qui jugent les prix surestimés pour ces vestiges presque inexploitables.

Les restaurations coûteront des millions, juge-t-on. Les voitures ainsi réparées n'auront plus aucune authenticité, car presque tout est à jeter, insistent les historiens. Mais la vente est un succès fou, les étrangers s'y sont pressés, et la belle Ferrari, celle de Delon, part chez un architecte Suisse pour une somme qui tutoie les sommets. Le lendemain, la presse la photographie une dernière fois, poussée doucement dans un camion, toujours empoussiérée, le dos portant encore un ballot de journaux "pour la photo."

Les collectionneurs, rentrés chez eux, attendent que les restes vaillants de ces belles mortes réapparaissent de compétition en compétition, les acheteurs heureux appellent leurs restaurateurs pour des devis pharaoniques. Le commissaire-priseur, satisfait, se met en quête d'un autre événement.

C'est à partir de rien qu'on construit les histoires.


Consultés pour cet article :
L'AFP, les vidéos POA avec Monsieur Paul l'expert distingué, le site Caradisiac, la Nouvelle République, Le blog En Voiture du Parisien, The old Motor ...

lundi 9 mars 2015

Lien : le B.A. BA du remixage de garde-robe

Chère Laurence,

Il est bien tard et je n'ai encore rien posté aujourd'hui, alors voici juste un petit lien qui parle encore de mode.
J'ai découvert Putting Me Together pas plus tard que tout à l'heure et j'ai passé un bon moment à lire sa série "Building a Remixable Wardrobe" que j'ai trouvée tout à fait intéressante.
Du coup, j'ai passé le reste de la soirée à faire des tests et à peaufiner ma capsule de printemps (qui est en cours de préparation... Je t'en reparlerais sûrement bientôt). En bref : je crois qu'il me faut plus de ceintures. Enfin peut-être une ou deux pour tester des trucs. Et je crois que je vais passer le reste de la nuit à épingler des trucs sur Pinterest...

Bonne lecture et bonne nuit !
- Aurélie

vendredi 6 mars 2015

Créer son "uniforme"

Chère Laurence,

Merci pour ton article d'hier, je vais m'amuser à faire gigoter mes zygomatiques. Et Gustavette est super chouette.

Aujourd'hui, restons dans la superficialité, avec un blog mode que j'ai récemment découvert.
Tu te souviens bien sûr de l'histoire de la garde-robe capsule ? Et bien, Into Mind va plus loin que le minimalisme pour ajouter au concept de la capsule celui de notre style personnel. Je sais que tu vas l'adorer.
J'ai passé un sacré moment à lire tout un tas d'article, alors je te passe mon préféré : un article en deux parties sur la création d'un "uniforme" (ou signature look).
La première partie explique de quoi il s'agit ; la deuxième nous montre pas-à-pas comment créer le notre. Cet uniforme va ensuite beaucoup t'aider à construire une capsule efficace.

Bon, tu imagines bien que je me suis amusée à tester l'idée. Du coup, lundi, au lieu de bosser sur mes autres projets, j'ai passé trois heures sur Pinterest à épingler à tour de bras de jolis modèles en "plus size". Et encore un peu plus à me triturer les méninges pour organiser mes idées en proprotions, couleurs, etc.
Du coup, voilà, je te donne en avant première mon uniforme de printemps...

Le dessin c'est pas vraiment mon truc. Tu apprécieras l'effort !
Bon, ben y a plus qu'à ressortir toutes mes affaires et trier ce qui pourrait bien aller avec ça. Et repartir faire du shopping. :)

- Aurélie


jeudi 5 mars 2015

Poétique de la musculation faciale

Ma chère Aurélie,

Il est temps d'aborder cet article improbable, qui va encore réduire ma crédibilité à néant (non pas qu'elle aie déjà tutoyé le high score, mais j'avais quelques restes d'illusions...)
Cependant, on me l'a demandé, cet article, alors approche ta tasse fumante de thé citronné, et commençons.

Je pensais d'abord commencer par un truc fancy et poétique pour te dire que rien n'est plus beau que les marques que la vie laisse sur nos corps, parce qu'ils sont la preuve que l'on mûrit et que l'on apprend (il y en avait encore 20 lignes comme ça et je me suis dit, mais qu'est-ce que c'est prétentieux et qu'est-ce que c'est vain, alors je te les épargne).

Vite fait comme ça entre deux portes, ma transition vers le corps de l'article, c'est que notre visage plus que tout est le "miroir de l'âme", et que comme le disait Balzac (qui lui aussi avait un petit talent dans le pissage de copie), "la physionomie des femmes ne commence qu'à trente ans."
Bien sûr, c'est très beau de se dire que notre mine dit à tous ce qui nous arrive, ce qui nous est arrivé et ce que nous sommes, et que finalement les beaux visages lisses des ados ne sont qu'un bloc de marbre que le sculpteur n'a pas encore travaillé pour en faire une oeuvre d'art.


Mais bien sûr, on ne l'accepte pas aussi agréablement, parce que nous, les cernes qui ne disparraissent plus aussi facilement, les rides du rire qui se creuse et tutti quanti, des fois, ça nous les brise un peu, et qu'on voudrait juste avoir l'air en forme, pour changer.

C'est là qu'intervient la musculation faciale, et que débute le n'importe quoi, bien loin de toutes ces belles considérations (et là, on ne dirait pas, mais je viens de nous sauver de plombes de lecture ennuyeuse).
Parce qu'on entretient bien les muscles de notre corps, non ? Et notre visage a 60 muscles qu'on utilise quasiment en permanence, mais qu'on ne relaxe jamais, qu'on entretient jamais.
Or, les faire travailler de manière consciente, peut aider à paraître en meilleure forme (ou un peu plus réveillée le matin, et c'est déjà un bon objectif).

Oui, j'ai l'air d'un gourou (mais au moins c'est fun, et si tu tiens le choc, il y a des dessins d'ici quelques lignes).
Tu sais, cette histoire de musculation faciale, je la pratique avec plus ou moins de constance depuis 2010, et je vois bien la différence entre les périodes où je pratique et celles où je ne le fais pas.
Et pour moi, il y a vraiment une question de confort, dans la mesure où la petite anxieuse que je suis fige son visage une bonne partie de la journée, et qu'à force, ça fait un peu mal. Du coup, la sensation de détente après quelques exercices est plus que bienvenue.

En gros, muscler les muscles de son visage, c'est l'affaire de quelques minutes, tous les matins.
Les nombreuses méthodes qui existent travaillent en général par zone : les muscles autour de la bouche, le milieu du visage, les yeux, le front, l'ensemble de la face.

Et à ce stade de mon article, sautons aux choses sérieuses, que tu puisses t'amuser devant ton miroir (ces merveilleux dessins Paint sont mon oeuvre, et je baptise arbitrairement mon modèle Gustavette) :


Bouche pulpeuse :
tendre les lèvres en baiser (comme Marilyn Monroe...) en les serrant très fort vers le centre, et le plus loin possible. Si fort qu'on sent qu'on pince le nez. Watch Gustavette :



Joues moins tombantes :
faire un grand sourire en remontant tant que possible les coins de la bouche en diagonale, vers le coin des yeux. Tu dois sentir tes joue remonter sous les yeux un peu. Comme Gustavette, qui fait décidément un peu peur, te le montre :

Effacer quelques cernes :
plisser les yeux comme s'il faisait grand soleil, en faisant bien attention de plisser le bas de l’œil vers le haut (c'est ce qui doit travailler). Gustavette, mon petit loup (elle se drogue, j'en suis sûre) :

Voilà quelques exercices faciles à essayer pour t'amuser (oui, Gustavette, c'est fini, tu peux retourner au Pays des Paints frauduleux qui piquent les yeux), et si le sujet t'intéresse, tu trouveras des méthodes plus complètes dans les ouvrages suivants :

Gymnastique faciale / Catherine Pez, éditions de l'Homme, 2014.
Celui que j'ai chez moi (dans une édition précédente et toute éraflée).

Gym faciale : prenez votre visage en main / Zoé Kertesz. Guy Trédaniel, 2008
En version cartes, pour pouvoir s'amuser aussi dans le métro, en week-end, à la piscine...

Voilà !
J'ai bien conscience que cet article passe un peu les bornes des limites en matière de bizarre, mais qui ne tente rien n'a rien, et je me réjouis à l'idée que peut-être tu essayeras, au moins pour me dire ce que tu en auras pensé.

Des bises.

mardi 3 mars 2015

Le lien du mardi : Blogs de design graphique autour du livre

Chère Aurélie,
tout d'abord, merci pour ton article d'hier. Comme je te l'ai écrit ailleurs, je voudrais avoir le temps de réfléchir à la question avant de te répondre. En tout cas, sache que tu es par tes activités sportives audacieuses une perpétuelle source d'admiration pour moi, à qui la plongée fait peur, et pour qui l'aviron pratiqué à ce niveau semble au-dessus des capacités physiques.

Pour le lien d'aujourd'hui, je te propose de nous immerger dans le monde des bloggers littéraires. D'habitude, ils parlent du contenu des livres. Mais, depuis un ou deux ans, de plus en plus d'auteurs de blogs s'intéressent à l'aspect physique de la couverture et du corps de l'ouvrage.



C'est tout d'abord une tendance purement Anglo-Saxonne, qui puise dans la tradition d'édition bien plus colorée et excentrique que l'édition française, mais quelques blogs français existent également.
Et ça tombe bien. Nombreux sont les lecteurs qui décident leurs choix de lecture en fonction des couvertures, alors que le design des livres est de plus en plus recherché. Il est loin le temps où l'on vendait un livre sur son auteur seulement : désormais, et de plus en plus, on crédite son illustrateur, bien sûr, mais également le maquettiste, le typographe... Voici quelques sites pour repérer de très belles réalisations.

The Casual Optimist

Rédigé par Dan Wagstaff, ancien libraire, qui a connu différents postes dans la chaîne du livre, Th Casual Optimist est l'un des meilleurs sites sur le design des livres. Son auteur a un vrai talent pour sélectionner les couvertures les plus belles, les plus étonnantes, et de décrypter les tendances en matière de graphisme. Son best of international, en fin de chaque année, est toujours très attendu, et particulièrement intéressant.

Book by its cover

Le magnifique Book by its cover est à l'origine le projet de l'illustratrice Julia Rothman, vite rejointe par une vingtaine d'auteurs, tous passionnés par les livres. La sélection de livres présentés est très impressionante, et les articles s'intéressent à tous types d'ouvrages, y compris issus de très petites maisons d'édition indépendantes.

Booketing

Rédigé par le designer graphique Clément Buée, Booketing est en quelques sortes le versant français de The Casual Optimist, avec un axe résolument moderne et souvent minimaliste.

Collectif Carré Cousu Collé

Ce collectif nantais, fruit d'une association loi de 1901, n'a pour l'instant d'existence numérique que sur Facebook et Twitter. Il rassemble des fanatiques du livre, et mène une veille passionnée autour de l'actualité du graphisme et de l'édition, tout en organisant à Nantes des rencontres et des expositions avec des designers de talent.

Et hop, allons voir de beaux livres !

lundi 2 mars 2015

Mon gras, le sport et moi

Chère Laurence,

J'ai failli poster ce lien la semaine dernière, mais j'ai décidé que non : j'avais besoin d'espace pour penser et t'écrire tout ce qu'il m'inspire, pour te dire à quel point je comprends.
Va donc le lire, je t'attends.

Comme l'auteure, j'ai l'impression d'être perdue dans ce no man's land des attentes sociétales. Je suis, grasse, mais j'aime courir, nager, grimper, faire bouger ce corps qui est le mien.
On veut nous faire croire que gras et sports sont antithétiques, alors qu'il n'y a aucun lien. On peut être maigre et ne pas passer son temps à la salle de gym. On peut être grasse et être amoureuse de son rameur. Et toutes les nuances possibles entre les deux.
Sauf que ce n'est pas ce qu'on nous dit. On ne nous dit pas qu'on peut faire du sport pour le plaisir. On doit forcément faire du sport pour "être en forme", pour "garder la ligne", et, si l'on ne correspond pas au body type en vigueur, pour perdre du poids.

Du coup, j'ai toujours l'impression qu'on me regarde d'un œil suspect ou compatissant. Quand je cours la Parisienne ou l'Odyssea, les encouragements du public me semblent toujours teintés de pitié. Vas-y, tu peux le faire, tu vaincras contre ton gras.
Sauf que je ne veux pas vaincre. Je ne pense pas qu'il me soit nécessaire de vaincre quoi que ce soit. Mon gras, c'est aussi moi, et j'ai appris à l'accepter, le respecter et l'aimer comme le reste de mon corps. Même si ça n'a pas toujours été facile.

Alors c'est la colère - non, la rage - qui m'envahit quand le monde qui nous entoure me fait comprendre qu'il considère mon gras comme un problème, comme un ennemi à vaincre, comme un barbare sans droit de cité.
Je ne cours pas pour me punir d'avoir mangé deux pancakes ou une énorme raclette. Je cours parce que ça me donne l'impression d'être superwoman. Parce que j'aime ça.
Et j'enrage quand la société toute entière refuse de me croire, ne me donne même pas le bénéfice du doute, et suppose que je fais du sport pour vaincre mon "problème" de poids.

Et j'enrage plus encore quand on me fait comprendre que je ne mérite pas de faire les sports que j'aime : il faudrait que je règle mon "problème" d'abord à coup de régimes dangereux, de sueur, et de larmes.

Le problème, c'est quand dans un club de plongée, il n'y a pas de combinaison à ma taille.
Le problème, ce sont les ampoules sur mes doigts alors que j'essaie de faire remonter le néoprène de la combinaison sur le gras de mes cuisses.
Le problème, ce sont les trois gars qui tirent sur mes bras à m'en démonter l'épaule pour faire passer mes ailes de batman.
Le problème, c'est que je ne retournerais pas dans ce club où tout le monde se voulait si gentil et aidant.
Le problème, c'est que j'angoisse à l'idée de ce qui se passera lors de ma prochaine plongée, ici ou ailleurs : pourrais-je rentrer dans une combinaison ? Cela prendra-t-il une heure de bataille ? Finira-t-on par me dire que non, ce n'est pas possible, il faudra y aller en maillot de bain ma petite dame ? Ou que ce n'est pas possible du tout et que je ne pourrais pas plonger ?
Le problème, c'est que tout mon être désire retourner sous l'eau, explorer des épaves, observer les poissons, respirer de l'air comprimé dans le silence de la mer et faire des bulles.

Le problème, c'est que cette année, il n'y avait pas de pantalon de ski à ma taille au rayon femmes du Décathlon d'Annecy.
Le problème, c'est que leur taille la plus grande, un 46/48, taillait comme un 42.
Le problème, c'est que skier et l'un de mes plus grands plaisirs.
Le problème, c'est que j'en rêve la nuit.

Le problème, c'est que, dans le club d'aviron que je fréquentais, les entraînements débutants se faisaient en groupe, sur de grands bateaux, avec pour objectif de nous faire rentrer dans l'une de leurs équipes de compétition amateure.
Le problème, c'est que ma technique est excellente quand je peux aller à mon rythme.
Le problème, c'est que je m'épuise facilement.
Le problème, c'est qu'après avoir ramé vingt minutes à une allure que les autres trouvent lente, je me fatigue, je m'essouffle, et ma technique passe par la fenêtre.
Le problème, c'est que le barreur doit faire arrêter tout le monde pour me dire de faire attention à la façon dont je tiens mon aviron.
Le problème, c'est qu'il faut qu'on s'arrête pour moi encore et encore.

Le problème, c'est que je suis le maillon faible.
Le problème, c'est que pendant les deux heures de trains qui me mènent jusqu'à la Tamise, j'angoisse à l'idée d'emmerder tout le monde encore une fois.
Le problème, c'est que je n'y vais plus.
Le problème, c'est que mon cœur se serre à chaque fois que je passe près d'un plan d'eau.
Le problème, c'est que j'adore ramer, me propulser sur l'eau claire à la force de mes bras. À mon rythme.

Le problème, c'est que dans tous ces cas, j'ai l'impression que la société me hurle que, non, je ne mérite pas de faire ce que j'aime.
Le problème, c'est que j'ai l'impression qu'on me punit car mon corps ne leur convient pas.
Le problème, c'est que je refuse d'abandonner.
Le problème, c'est que je vais lécher mes blessures, faire un break, et retourner à l'attaque quand j'en aurais de nouveau le courage.
Le problème, c'est que c'est mon problème à moi et que je voudrais que ce soit le problème de tous.
Le problème, c'est que je voudrais que mon corps soit pris en compte comme un corps valide, comme un corps capable, comme un corps en vie.
Le problème, c'est que j'ai besoin de vêtements à ma taille, de programmes non compétitifs, d'entraîneurs compréhensifs et respectueux.

Le problème, c'est que j'en ai marre d'avoir à me battre.

Le problème, c'est que ce n'est pas mon corps le problème.

- Aurélie

vendredi 27 février 2015

"Je ne me fais pas de souci pour toi" - deuxième

Chère Laurence,

Merci beaucoup pour ton post d'hier qui m'a pas mal amenée à réfléchir.
Laisse-moi l'avouer tout net : je suis définitivement coupable d'un certain nombre de "Je ne me fais pas de soucis pour toi".
Que veux-tu : j'en ai plein, des amis intelligents et aventureux qui ont parfois la trouille au ventre. Mais, contrairement à toi, je ne pense pas que l'effort doit venir de celui qui reçoit cette petite phrase, mais plutôt de celui qui la dispense.

Comme tu le dis si bien, ce qu'on veut souvent dire, derrière cette petite phrase anodine, c'est "je sais que tu es capable de mener à bien ce que tu vas entreprendre, ou de rebondir si tu rates". Alors pourquoi ne pas le dire vraiment ?
JNMFPDSPT, c'est une petite phrase facile et paresseuse. Elle coupe court à la conversation, et elle n'accomplit pas l'office de rassurer la personne qu'on a en face. On passe à autre chose et on la laisse se noyer dans ses doutes et son désespoir.
C'est aussi un peu condescendant : moi, je sais bien que tu ne devrais pas t'en faire. Pourquoi ne le vois-tu pas toi-même ? Or, c'est toujours plus facile de voir avec objectivité une situation de l'extérieur, plutôt que de lorsqu'on la vit de l'intérieur.

Alors, je dis "à mort JNMFPDSPT !". Soyons de vrais amis, de ceux qui rassurent et qui expliquent ("Je sais que tu as peur et que c'est terrifiant comme situation, mais je pense que ça devrait bien se passer et voilà pourquoi."), qui déconstruisent la situation point par point pour montrer les failles de raisonnement ("Mais non, copine, changer de boulot ne va pas te conduire à finir sous un pont. D'ailleurs, si jamais ça arrivait, tu peux toujours venir squatter mon canapé. Mais entre poster un CV et être expulsé de son appart, il y a quand même un petit gouffre, tu ne crois pas ?"), et surtout de ceux qui savent quand se taire et écouter ("Raconte !").

Bref, prenons le temps d'écouter les peurs des autres, même si elles nous paraissent ridicules. "Je ne me fais pas de soucis pour toi" aide rarement quiconque. On devrait pouvoir faire mieux.

Au fait, Laurence, puisqu'on est sur le sujet : quoi que tu décide de faire du reste de ta vie, quelles que soient les aventures dans lesquelles tu comptes te lancer, quelles que soient les décisions que tu aies à affronter... Je ne me fais pas de souci pour toi. Mais passes-moi un coup de fil quand même pour me raconter !

- Aurélie


jeudi 26 février 2015

"Je ne me fais pas de souci pour toi"

Ma chère Aurélie,

Aujourd'hui j'avais envie de te faire partager cette phrase qu'on te répète réguliérement quand il t'arrive d'être un peu chifoumi, et que tu t'inquiètes sur pleins de sujets variés.
J'ai quelques amis qui se sont retrouvés dans cette situation, et ils ont tous vécu la même chose, d'où mon intérêt.
Quand tu te fais du souci, et que tu discutes avec un ami ou de la famille pour te rassurer, arrive un moment dans la conversation où ton interlocuteur te dit : "Enfin, quoiqu'il en soit, je ne me fais pas de souci pour toi."

Et là, si tu es un temps soit peu déprimé, au point que tout ce que tu voudrais c'est un gros câlin, un moment devant un chocolat chaud et l'assurance que tout va bien se passer, un peu comme quand tu étais petit enfant, tu ne peux pas t'en empêcher : tu fulmines un peu, et tu as très envie de pester "Et bin si ! Fais-toi en du souci, si tu tiens à moi ! Moi, je m'en fais!"

Sauf que.
Déconstruisons un peu cette phrase : en vrai, qu'est-ce qu'on veut dire, quand on dit à quelqu'un "Je ne me fais pas de souci pour toi" ?
Qu'on ne tient pas à lui ?
Qu'on s'en fout de ses problèmes et qu'à tout prendre, on préfère retourner à nos mots croisés ?

Non non non.
Le genre de personnes à s'attirer cette remarque sont précisément des gens intelligents, qui ont envie de s'aventurer dans la vie, et qui sont un peu inquiets devant la masse de potentialités négatives que contiennent leurs aventures. Ils se disent beaucoup "Et si ça ne marchait pas... Et si tout allait mal... Et si je ratais..."
Sauf que le fait de s'interroger sous-entend certes un manque de confiance en soi, mais aussi une certaine intelligence.
Dire "Je ne me fais pas de souci pour toi", c'est reconnaître cela : moi, en tant que personne censée, je sais que tu es capable de mener à bien ce que tu vas entreprendre, ou de rebondir si tu rates.
Fais-moi confiance, tu en es capable.
C'est donc plutôt un compliment, voire un encouragement.

Il y a même plus.
Les gens qui s'attirent cette phrase sont des petits inquiets, de nature.
Si, à un moment, on ne les arrête pas, ils sont capable de monter un grand roman sur leurs inquiétudes, et de déprimer plus qu'il ne faudrait, et même ne pas agir du tout.
Finalement, ce moment où on lance le fameux JNMFPSPT, c'est un appel concis au Carpe Diem romain, un "hé, ho, on arrête là, tu agis, et tout se passera bien."
C'est un rappel de la réalité : alors qu'on se voit à la loupe, avec tous nos petits défauts, avec toutes nos erreurs et notre histoire, l'autre, qui nous cite cette phrase magique, nous perçoit tout autrement.
Il voit notre enthousiasme, notre intelligence, nos qualités réélles. Il sait, lui, que si on s'efforce de notre mieux, tout va très bien se passer.
Alors, au lieu de fulminer en voulant notre câlin régressif, peut-être que nous devrions juste savourer cette phrase, et faire confiance au jugement de notre interlocuteur; nous saisir de ce "Je ne me fais pas de souci pour toi", et nous aussi, arrêter de nous en faire et agir.


mercredi 25 février 2015

Women are Awesome #2 : Grace Hopper

Chère Laurence,

C'est le dernier mercredi du mois et c'est donc l'heure de parler de nouveau d'une femme extra-ordinaire ! Ce mois-ci, je voudrais te présenter Grace Hopper.

Grace Hopper fut l'une des premières doctoresses en mathématique. Elle a participé à la création de l'un des premiers langages informatiques, le COBOL. Oh, et elle était Amiral dans la Navy américaine.
Un tantinet badass quoi.

Grace Hopper en 1984 (source)

On lui attribuerait d'avoir popularisé le terme "débugguer" et c'était une pionnière dans l'implémentation de standards en informatique.

Des conférences portant son nom sont désormais données pour célébrer les contributions des femmes - par trop souvent diminuées ou oubliées - en informatique.
Aujourd'hui, comme de son vivant, elle est une inspiration et un modèle.

Un petit documentaire d'une quinzaine de minutes vient de sortir à son sujet, et il est intitulé, fort à raison, "Queen of Code". Je t'encourage vivement à le regarder pour en apprendre plus sur l'histoire de cette femme fantastique.

- Aurélie


mardi 24 février 2015

Le lien du mardi : le plein de motivation artistique en un podcast

Ma chère Aurélie,

Merci pour l'article d'hier, parfois tester la réalité de nos fantasmes nous permet de faire d'intéressantes découvertes.

Pour ce lien du jour, justement, parlons réalité.
Mais, tu me connais bien, pas n'importe laquelle : parlons réalité du dessin.

Des fois, je dessine un peu (comme je ne suis pas très sûre de moi sur la question, disons : je grafouille).
Mais surtout, je m'intéresse à tout ce qui touche à cette discipline, et donc je fais une veille internet sur quelques sites.
Parmi ceux-là, il y en a auquel j'ai eu la bonne idée de m'inscrire, et qui m'envoie une belle newsletter pleine de couleurs chaque semaine, et c'est Illustration Friday.
Ce site propose non seulement des oeuvres pop et cool de nombreux dessinateurs, des interprétations du thème de la semaine et des petites présentations d'artistes, mais ce qui m'intéresse le plus, c'est le Creative Pep Talk d'Andy J. Miller.



Un Pep Talk, on sait ce que c'est : c'est ce terme américain pour un discours d'encouragement qu'on donne à quelqu'un qui en a besoin.
Et en effet, une fois par semaine, à peu près, cet illustrateur américain nous offre quinze minutes de ses pensées et conseils sur la création, sur les blocages, sur la carrière d'illustrateur... Une demi-heure d'encouragements chaleureux, un peu comme si on était au café du coin en sa compagnie, en train de parler de nos petits soucis, et qu'il nous racontait comment lui traverse la même chose, et arrive plus ou moins à s'en dépatouiller.

Un joli moment, en général.
Pour que tu puisse tester, si le coeur t'en dit, voilà un lien vers tous les Creative Pep Talk, et un lien sur le dernier en date, que j'ai beaucoup apprécié, puisque son thème était les blocages et les peurs.

lundi 23 février 2015

Oxford, ville fantasmée

Chère Laurence,

Samedi dernier, je suis allée me promener dans la ville d'Oxford. Pour moi (comme pour beaucoup, sûrement, vue la quantité de touristes dans les rues), c'est une ville de fantasmes plus qu'une ville réelle. Enfin, c'est même difficilement une ville : c'est surtout la troisième université la plus ancienne d'Europe (après Bologne et la Sorbonne), qui se vante d'avoir eu pour élève 26 premiers ministres britanniques, 50 prix Nobel, et 120 médaillés olympiques. C'est un synonyme d'excellence, mais aussi de richesse et de snobisme. De traditions, amusantes ou rétrogrades. Et puis il y a Harry Potter.
 
"Divinity school", un hall de la Bodleian Library (aka l'infirmerie dans Harry Potter) (par Beth Hoffman).
Comme il m'est difficile de résister à l'attrait du bibliotourisme, je suis bien entendue allée visiter la Bodleian Library. Ils organisent des visites guidées à tours de bras, et je m'attendais à en prendre plein la vue niveau livres anciens et reliures originales. Mais le problème, c'est que les guides sont tout sauf des bibliothécaires. En une heure, on a eu droit à 50 minutes de blabla sur l'histoire de l'université et la construction des bâtiments. Et 10 minutes en présence des collections. Sans de véritable explication sur leur contenu, leur valeur, leur classification. Belles rangées de livres, certes, mais très frustrant de ne pouvoir en apprendre plus, même en cuisinant le guide ("ahah, if I were to tell you that... I would have to kill you!" - la réplique qui tue pour se débarrasser des questions embarrassantes).
En gros, tout ce que j'ai retenu, c'est que la bibliothèque et l'un de ses halls ont servi de set pour filmer les Harry Potter. Apparemment, c'est plus important que les Bibles de Gutemberg. Vas donc savoir.

Grâce à sa carte magique (prouvant qu'elle travaille pour l'université), l'amie qui nous faisait visiter a pu nous montrer l'intérieur de quelques collèges. Bâtiments anciens (plus quelques vestiges d'architecture des années 60, hideuse, ça et là), cours intérieures avec gazon entretenu au millimètre, chapelles absolument partout (apparemment, chaque collège a son chapelain, mais les chapelles servent surtout aux répétitions musicales...), on a même pu faire le tour d'une salle à manger toute en marqueterie, ornée de portraits à l'huile, pour les dîners formels (en toge et tout et tout) qui se tiennent plus ou moins fréquemment en fonction des collèges.
Bref, ça entretient le mythe et ça fait un peu rêver.
 
La table des profs dans la salle à manger de Trinity College (l'un des collèges où, le dîner en toge, c'est tous les soirs) (par Winky).
Je te parle de collèges, peut-être faut-il un peu préciser : ce sont des structures autonomes où les étudiants sont hébergés et étudient, avec chacun leur histoire, leurs alumnis célèbres, leurs traditions. Un peu comme les "maisons" dans Harry Potter.
Mais les enseignements en eux-mêmes se font dans les différentes facultés. Du coup, les étudiants se retrouvent avec deux types de camarades : leurs camarades de classe au sein de leur faculté, et d'autres camarades venant de diverses disciplines au sein du collège. Plutôt sympa.
Il y a une quarantaine de collèges en tout. Certains sont de "première classe", d'autres de "seconde classe", en fonction de leur prestige. Sauf que ce n'est marqué nulle part : il faut le savoir.
Et c'est là que les ennuis commencent. Les critères pour entrer dans les collèges sont ultra-flous. Ce qui peut donner lieu à n'importe quel type de débordement. En gros, ce qu'on m'expliquait, c'est que s'il est dans la tradition de ta famille d'étudier dans tel collège, tu ne devrais pas avoir de problème. Si ce n'est pas le cas... Ça va être plus compliqué.

Parce que c'est là tout le problème d'Oxford. C'est une ville de cliques et de fric. Chacun défend bec et ongles les intérêts de son propre groupe. La mixité sociale est relativement réduite. En fonction des collèges, l'ambiance varie beaucoup, mais partout flotte une étouffante odeur fin de règne.
Bref, mes fantasmes Oxfordiens ont tourné court. Je ne pense pas que je survivrais longtemps dans ce genre d'environnement. Les collections de la Bodleian ont beau être belles... Ça ne fait pas tout.
Et toi, qu'en penses-tu ?

- Aurélie