vendredi 27 février 2015

"Je ne me fais pas de souci pour toi" - deuxième

Chère Laurence,

Merci beaucoup pour ton post d'hier qui m'a pas mal amenée à réfléchir.
Laisse-moi l'avouer tout net : je suis définitivement coupable d'un certain nombre de "Je ne me fais pas de soucis pour toi".
Que veux-tu : j'en ai plein, des amis intelligents et aventureux qui ont parfois la trouille au ventre. Mais, contrairement à toi, je ne pense pas que l'effort doit venir de celui qui reçoit cette petite phrase, mais plutôt de celui qui la dispense.

Comme tu le dis si bien, ce qu'on veut souvent dire, derrière cette petite phrase anodine, c'est "je sais que tu es capable de mener à bien ce que tu vas entreprendre, ou de rebondir si tu rates". Alors pourquoi ne pas le dire vraiment ?
JNMFPDSPT, c'est une petite phrase facile et paresseuse. Elle coupe court à la conversation, et elle n'accomplit pas l'office de rassurer la personne qu'on a en face. On passe à autre chose et on la laisse se noyer dans ses doutes et son désespoir.
C'est aussi un peu condescendant : moi, je sais bien que tu ne devrais pas t'en faire. Pourquoi ne le vois-tu pas toi-même ? Or, c'est toujours plus facile de voir avec objectivité une situation de l'extérieur, plutôt que de lorsqu'on la vit de l'intérieur.

Alors, je dis "à mort JNMFPDSPT !". Soyons de vrais amis, de ceux qui rassurent et qui expliquent ("Je sais que tu as peur et que c'est terrifiant comme situation, mais je pense que ça devrait bien se passer et voilà pourquoi."), qui déconstruisent la situation point par point pour montrer les failles de raisonnement ("Mais non, copine, changer de boulot ne va pas te conduire à finir sous un pont. D'ailleurs, si jamais ça arrivait, tu peux toujours venir squatter mon canapé. Mais entre poster un CV et être expulsé de son appart, il y a quand même un petit gouffre, tu ne crois pas ?"), et surtout de ceux qui savent quand se taire et écouter ("Raconte !").

Bref, prenons le temps d'écouter les peurs des autres, même si elles nous paraissent ridicules. "Je ne me fais pas de soucis pour toi" aide rarement quiconque. On devrait pouvoir faire mieux.

Au fait, Laurence, puisqu'on est sur le sujet : quoi que tu décide de faire du reste de ta vie, quelles que soient les aventures dans lesquelles tu comptes te lancer, quelles que soient les décisions que tu aies à affronter... Je ne me fais pas de souci pour toi. Mais passes-moi un coup de fil quand même pour me raconter !

- Aurélie


1 commentaire:

  1. Oh, chère Aurélie, tu es juste la crème de la crème de la crème des amies !
    Tu le sais ça ?
    Et bien on ne te le dit encore pas assez, proportionnellement à tes grands mérites.

    Et résolument, moi non plus, je ne me fais pas de souci pour toi ;-)
    Continue toi aussi à me régaler de tes aventures !

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